À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la CCI Mayotte vous fait découvrir le portait d’une de ces collaboratrices: Hindou MADI-SOUF qui est responsable de Projets Infrastructures dans un domaine encore très masculin aujourd’hui. Elle nous livre son ressenti sur l’égalité homme-femme dans la société mahoraise.
– Présentez-vous :
Hindou MADI-SOUF
J’ai débuté à la CCI il y’a plus de 2ans en tant que Cheffe de projets infrastructures.
Aujourd’hui je suis Responsable du Service infrastructures depuis maintenant un peu plus de 1an.
– Que pensez-vous de la place de la femme au sein de la société mahoraise aujourd’hui ? Pensez-vous qu’il y ait encore des progrès à réaliser en matière d’égalité Femmes-Hommes ?
La femme a toujours eu le premier rôle dans la structure familiale, en effet c’est celle qui possède la maison familiale, qui a la charge de l’éducation des enfants, et la première conseillère du mari et bien d’autres rôles… aucune organisation ne se fait sans la femme surtout culturel ou traditionnel à Mayotte. Par exemple, l’organisation du déba peut se faire sans aucune intervention masculine, cependant pour un dahira dansé et chanté par les hommes, les femmes sont en arrière-plan pour la préparation des plats d’accueil ou organiser les invitations…
De nos jours, la femme intervient sur tous les plans. On se répète chaque année, mais voyons le bien. Être une femme c’est être capable de faire le papa, l’épouse, la mère, la fille et la sœur à la maison. Et au travail, la femme remplie des rôles en adéquation à n’importe quel métier. Tous les métiers peuvent être occupés par des femmes.
Des progrès sont bien entendu à faire dans tous les sens. Je rencontre encore des femmes qui se sentent inférieures aux hommes, ou alors qui pense qu’elles ne peuvent rien gérer de leur chef sans un homme. Mais je rencontre aussi des hommes qui ont cette manie d’exercer une pression psychologique aux femmes pour faire comprendre leur désir de supériorité. Quelques femmes aussi ont tendance à penser qu’elles doivent toujours s’affirmer devant les hommes ou devant d’autres femmes.
Nous ne le disons pas souvent mais, il y’a aussi des femmes qui font le choix de ne pas s’affirmer devant les hommes. Cela peut être pour le confort ou par paresse.
– Quel.s conseil.s donneriez-vous aux femmes aujourd’hui pour s’épanouir professionnellement, vous qui êtes dans un milieu considéré « masculin» ?
Ma vision de la chose est que chacune d’entre nous a ses objectifs. Si on s’attache à les réaliser et à surmonter tous les obstacles alors aucun besoin de journée de l’égalité femme homme. Aucun besoin d’affirmer la place de la femme dans la société, à son travail ou à son domicile. C’est utopique certainement.
On a toujours cette habitude chaque année de donner les devoirs de la femme : elle doit être forte, elle doit s’affirmer, elle doit s’aligner aux hommes, elle doit ci, elle doit ça.
Les efforts et les choix sont à faire par chacune et par chacun (sans oublier les hommes).
J’ai toujours été dans des classes majoritairement masculine lors de mes formations. Je travaille en effet aussi dans un domaine qui est occupé majoritairement par des hommes. Mais cela ne veut pas dire que les femmes n’existent pas dans le milieu. Elles y sont, et elles sont pour la plupart bien placées.
Je considère que le sentiment d’infériorité est psychologique.
Du moment que l’on part du principe qu’on fera tout pour atteindre des objectifs étudiés, le sentiment d’infériorité n’est plus, et ce même si l’entourage y fait pression. Il ne s’agit même pas de faire une compétition contre des hommes ou des femmes, mais plutôt de se prouver à soi-même qu’on en est capable et qu’on pourrait même faire plus et mieux. Bien sûr avec cet état d’esprit on est une éternelle insatisfaite puisqu’on cherche toujours à aller plus loin dans nos objectifs. Mais ce n’est pas mauvais de toujours vouloir s’améliorer.
Le conseil que je donnerai à la femme pour s’épanouir professionnellement c’est de se donner des objectifs et ensuite de se donner les moyens de les atteindre et de les dépasser !
La journée de la lutte pour les droits des femmes c’est tous les jours !